
Alors que beaucoup de marques tentent de calquer la méthode des constructeurs chinois en enchaînant les sorties très vite, Toyota choisit l’option inverse: allonger les cycles et capitaliser sur des bases techniques pérennes. L’idée: faire évoluer le logiciel et les fonctions connectées au long de la vie du modèle, sans réinventer le châssis à chaque fois. Une manière de lancer des voitures stables dès le jour J et plus fiables.
Toyota aime tracer sa route, et ça ne date pas d’hier. Pionnier de l’hybride avec Honda, le géant japonais est l’un des derniers à s’engager à fond dans l’électrique. Un contre-pied qui surprend encore en 2025, pour durer. Nos collègues du Nikkei expliquent que la marque va allonger la carrière commerciale de ses modèles. De cinq à six ans aujourd’hui, l’objectif passerait à neuf ans, afin de piloter l’électrification plus sereinement et d’améliorer les voitures par petites touches, surtout via le logiciel et des packs techno ajoutés en cours de vie. Le châssis et la mécanique, quand ils sont bons, n’ont pas besoin d’être réécrits sans cesse. Et sur les vingt dernières années, l’histoire a donné raison à Toyota: rigueur industrielle, montées en qualité continues et réputation de fiabilité en hausse dès les premiers kilomètres.

Sur ce point, Toyota partage un trait avec Tesla: réussir à cartonner avec des modèles qui ne sont plus tout jeunes. Les Model 3 et Model Y restent en haut des classements un peu partout malgré leur âge, et c’est pareil chez Toyota avec les Corolla et RAV4, encore parmi les voitures les plus vendues de la planète alors que le RAV4 approchait son renouvellement. Sur l’ensemble de sa carrière, le RAV4 a peu changé en profondeur: même bloc essence depuis le départ, et des évolutions surtout cosmétiques ou d’équipements, service après service. La preuve qu’un bon fond technique peut traverser le temps sans peine.
Allonger les délais de développement peut rassurer les clients, mais pas forcément les concessions, qui redoutent une érosion des ventes faute de nouveautés majeures. Pour l’instant, les faits donnent raison à Toyota: la marque réussit de beaux volumes avec des modèles en fin de vie, preuve que la demande suit quand qualité produit et expérience d’usage restent élevées sur le terrain.
À l’inverse, Toyota va clairement à contre-courant de marques comme Renault ou du groupe Volkswagen, qui veulent accélérer la cadence en s’inspirant du modèle chinois: multiplier les lancements et développer une voiture en deux à trois ans. Vu du grand public, le pari paraît risqué sur des autos toujours plus technologiques, électrifiées et connectées. Les couacs de lancement récents le rappellent: Citroën C3, Volkswagen ID.3, Volvo EX90… souvent plombés par des bugs logiciels et une mise au point trop pressée.
Allonger la durée de vie des modèles et le temps de mise au point a d’autres bénéfices, souligne le Nikkei: «Toyota enregistre un volume de commandes très élevé, ce qui allonge les délais de livraison et force parfois à suspendre les prises de commande. Son SUV Land Cruiser met des années à être livré et, quand il arrive enfin, la génération suivante est souvent déjà annoncée. Un cycle de vente plus long multiplie les fenêtres d’achat pour les modèles stars et augmente la probabilité de les revendre d’occasion à bon prix, avec une décote moindre.» Dans le cas du Land Cruiser, la valeur résiduelle reste en effet redoutable: on trouve des exemplaires à plus de 500 000 km affichés au-delà de 20 000 € sur le marché, preuve qu’un capital confiance bien entretenu se traduit en valeur sonnante.

Journaliste auto (et un peu vélo). Passionné par l’innovation, l’industrie et l’environnement, avec une obsession: tout ce qui peut faire avancer la mobilité au quotidien.

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