
Chaque année, les chiffres des radars font grimper les tours. On parle de centaines de millions d’euros qui filent au Trésor, ce qui alimente l’idée d’un racket permanent et la sensation d’être fliqués. Du coup, quand les recettes diminuent, on a tous envie d’y voir une petite revanche des conducteurs. Sauf que, plot twist, cette baisse n’a presque rien à voir avec une soudaine sagesse au volant. D’après l’annexe du projet de loi de finances 2026, les radars ont rapporté 889 millions d’euros en 2024, soit 76 millions de moins qu’en 2023. Une chute d’environ 8 %… mais pas parce que tout le monde respecte mieux les limitations. La cause principale tient à la dégradation massive du parc: machines vandalisées, cabines brûlées, appareils hors service pendant des mois. Le taux de disponibilité est passé à 81 %, contre 88 % l’année précédente. Autrement dit, si ça flashe moins, c’est surtout parce que ça fonctionne moins. Et non parce que l’on roule plus prudemment. Bonne nouvelle en apparence pour le portefeuille, mais trompe-l’œil quand on regarde l’écosystème routier dans son ensemble. Au-delà du buzz, ce signal raconte surtout l’état réel d’un dispositif technologique qui s’est abîmé ces derniers mois.

Ce que beaucoup ignorent, c’est que les radars ne servent pas qu’à sanctionner: ils participent au financement du système routier. En 2024, d’après le projet de loi de finances 2026, 76,6 % des recettes ont été fléchées vers la lutte contre l’insécurité routière et ses conséquences. En clair, une bonne partie de l’argent des amendes revient sur la route. Voici où ont été redistribués les 889 millions d’euros issus des contrôles automatisés: Au passage, ce financement structure de nombreuses actions concrètes et visibles pour les usagers au quotidien.
Au total, plus des trois quarts des recettes issues des radars repartent vers la sécurité routière, les infrastructures et la santé publique. Les 208 millions restants, nécessaires pour atteindre 889 millions, sont, eux, affectés au désendettement de l’État, soit environ 23 % du total. C’est loin d’un simple tiroir-caisse.
On comprend donc que les recettes des radars ne servent pas qu’à remplir les caisses de l’État, mais à faire tourner un dispositif entier qui rend nos déplacements plus sûrs. Et à l’entretenir. Le rapport rappelle d’ailleurs que l’État dépense chaque année bien plus que ces montants (près de 4,8 milliards d’euros) pour la sécurité routière au sens large. Moralité: les amendes ne couvrent qu’une fraction de l’effort global. Alors oui, voir les radars rapporter moins peut faire sourire celles et ceux qui en ont marre de se faire flasher. Mais une baisse des recettes, c’est aussi moins de moyens pour entretenir les routes, réparer les cabines endommagées, remettre en service les appareils détruits et mieux soigner les victimes d’accidents. Pas sûr, au final, que cette “baisse” arrange vraiment les automobilistes. D’autant qu’une nouvelle génération de radars “intelligents”, dopés à l’IA, est en approche pour traquer téléphone au volant, ceinture oubliée et distances de sécurité, de nuit.
Cette baisse des “recettes” pose une vraie question de long terme: doit-on s’appuyer sur les fautes des automobilistes pour financer une partie du réseau routier? Si, demain, tout le monde roulait nickel et ne se faisait plus flasher, comment compenser près d’un milliard d’euros de manque à gagner? Le modèle de financement devra, tôt ou tard, évoluer. Des pistes existent: budgétisation dédiée, péages intelligents, fiscalité locale ou fonds d’infrastructures plus lisibles et pérennes.

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