Un nouveau méga-site industriel dédié à l’extraction et à la transformation du nickel, métal indispensable à la fabrication des batteries de voitures électriques, vient d’être inauguré en Indonésie. Pourtant, des ONG majeures dont Greenpeace et Climate Rights International (CRI) expriment de vives inquiétudes sur l'absence de garanties environnementales et sociales, et réclament l’assurance d’un véritable respect des droits des populations locales ainsi que de la nature avant que les travaux n’avancent.
Avec plus de 5,9 milliards de dollars investis, le projet se déploie sur deux principaux sites : l’un sur l’île indonésienne d’Halmahera (4,7 milliards), dans la région des Moluques, dédié à l’extraction, au raffinage et à la fabrication de cathodes ; l’autre à Karawang, à Java occidental (1,2 milliard), focalisé sur la production de cellules de batteries. Ce lancement a eu lieu en grande pompe, en présence du président indonésien Prabowo Subianto et de nombreux acteurs publics et privés.
Le financement du complexe d’Halmahera s’appuie fortement sur d’importants soutiens chinois, notamment le leader mondial des batteries, CATL, mais aussi Zhejiang Huayou Cobalt. La Chine, déjà premier client de l’Indonésie pour ses exportations de nickel, accroît ici son influence. Ces partenaires, en collaboration avec la société publique indonésienne Antam, ambitionnent d’accélérer la filière locale : extraction minière, raffinage et production de pièces-clé pour la mobilité électrique, avec une montée en cadence dès mars prochain sur Halmahera, pendant que Karawang s’occupera notamment de la production de cellules pour batteries électriques.
L’Indonésie demeure le plus grand producteur mondial de nickel, détenant près de 42 % des réserves planétaires de ce métal devenu incontournable dans la transition vers l’électromobilité. Depuis l’interdiction d’exportation du nickel brut en 2020, Djakarta veut transformer cette ressource localement, créant un levier économique immense. Mais cette ruée vers l’or gris suscite de profondes critiques : les ONG dénoncent notamment le manque de transparence lors des étapes de validation du projet, avec des choix réalisés selon elles sans réelle considération écologique ni concertation avec les populations directement concernées.
Des organisations internationales et Greenpeace s’alarment du fait qu’aucune garantie forte n’a été mise sur la table pour préserver l’écosystème fragile d’Halmahera. Le réseau Mining Advocacy Network (Jatam) pointe une volonté de croissance économique déconnectée de la réalité locale, dénonçant des dommages déjà avérés sur l’environnement et sur les conditions de vie des riverains. Par ailleurs, des enquêtes indépendantes confirment que les activités minières menacent l’héritage et le quotidien du peuple autochtone Hongana Manyawa, dont les territoires sont grignotés au profit de l’industrie du nickel.
Journaliste spécialisé dans la mobilité et l’automobile, passionné aussi de sports mécaniques et de nouvelles technologies.
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