La prochaine Peugeot 208 n’arrive pas tout de suite, mais Peugeot prépare le terrain avec un concept baptisé Polygon, pensé pour donner un avant-goût clair de la citadine du lion. Elle se placera face à la Renault Clio 6, son éternelle rivale. Sauf que les chemins divergent nettement, car la 208 à venir sera 100 % électrique. Et se concentrera sur l’efficience maximale.
La Peugeot 208 reste le pilier volume de la marque en Europe. Pas la plus rentable (contrairement au très bankable 3008), mais les livraisons massives font le job. Face à une Renault Clio 6 qui caracole en tête, il va donc falloir dégainer de solides arguments. L’actuelle 208 montre des signes d’essoufflement, alors on regarde logiquement vers la relève. Elle demandera toutefois un peu plus de patience : quand Renault a sorti sa Clio 6 sans passer par la case concept-car, Peugeot déroule une mise en scène plus longue. Le constructeur n’en est qu’au début d’une communication orchestrée qui commence par… un concept. Chez Renault, cette étape a été court-circuitée pour la Clio 6. Pour Peugeot, la troisième génération de 208 sera décisive car elle passera au 100 % électrique : aucune déclinaison thermique ou hybride ne semble prévue au programme pour les marchés européens clés.
La future 208 sera préfigurée par le concept-car Polygon, dont la révélation officielle est annoncée prochainement. Et en voici la première image ! Le nom « Polygon » évoque des volumes plus anguleux et sculptés, en rupture partielle avec les lignes plus rondes de l’actuelle 208, vue de profil.
Le Polygon devrait concrétiser l’évolution du langage design lancé par le concept Inception en 2023, adapté au gabarit d’une citadine. Parmi les éléments phares, on attend la présence du volant Hypersquare, de forme rectangulaire, qui promet une expérience de conduite futuriste et plus intuitive. Mais, à l’image de l’i-Cockpit, rien ne dit que ce choix de mobilier séduira tout le monde. Clivant, assurément, et il pose des questions sur la prise en main dans certaines situations. Surtout, le Polygon entérinera l’orientation 100 % électrique de la future 208, qui basculera sur la nouvelle plateforme modulaire STLA Small de Stellantis, pensée pour optimiser efficience, sécurité et software. Cependant, pour ne pas couper brutalement les ponts avec les motorisations thermiques, il paraît très probable que Peugeot maintienne l’actuelle 208 hybride au catalogue en parallèle. Une stratégie de transition qui se généralise chez les constructeurs européens, prudents avant 2035 : avec près de 20 % de parts de marché, l’électrique reste encore minoritaire pour de nombreux conducteurs et usages du quotidien urbain.
L’arrivée d’une nouvelle citadine électrique dans le paysage français relance forcément le débat sur son lieu d’assemblage. L’actuelle Peugeot 208 est majoritairement produite à Trnava, en Slovaquie, et aussi en Espagne. La future e-208, basée sur la plateforme STLA Small, devrait poursuivre cette stratégie industrielle hors de France, notamment en Espagne pour contenir les coûts. Même si un précédent gouvernement avait poussé Carlos Tavares à rapatrier la 208 électrique en France, la demande est restée lettre morte et ne devrait pas bouger. La Renault 5 restera donc l’unique citadine électrique française à court terme.
Dans ce contexte sensible, le nouveau patron de Stellantis en France, Antonio Filosa, vient de prendre ses fonctions. Il a tenu à rassurer les équipes en expliquant que « La France est fondamentale » pour le groupe, deuxième source de profits, et en annonçant des embauches pour « régénérer les effectifs » dont la moyenne d’âge est élevée. Ces signaux ne signifient toutefois pas le retour d’une production de modèle à gros volumes comme la 208 sur le territoire national. Au total, 1400 recrutements en CDI sont annoncés dans l’Hexagone, dès cette nouvelle phase stratégique.
L’enjeu pour Stellantis reste d’assurer la compétitivité de ses modèles électriques face à une concurrence de plus en plus forte, notamment chinoise. Produire hors de France pour un modèle aussi populaire que la 208 demeure donc une réalité économique, malgré les efforts de communication mettant en avant l’ancrage local, la R&D et les gigafactories de batteries implantées sur le territoire. N’oublions pas qu’ACC, la co‑entreprise de Stellantis dans les batteries pour voitures électriques, est bien installée en France… même si la situation industrielle et financière reste encore délicate à court.
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