Les berlines premium, piliers historiques du paysage auto européen, accusent un sérieux coup de mou. Entre mutation des usages, raz-de-marée des SUV et repositionnement des marques, le segment perd du terrain malgré des modèles tout neufs et l’essor de l’électrique. Les derniers chiffres pointent une vraie dégringolade, à laquelle BMW, Mercedes et consorts tentent désormais de répondre avec des changements structurels et durables.
Longtemps symbole de statut à l’européenne, les berlines premium du segment D traversent une zone de turbulences sans précédent. Entre janvier et octobre 2025, leurs immatriculations chutent de 19 %, un recul qui touche autant les versions thermiques que les électriques ou hybrides. BMW Série 3 domine toujours, mais plonge de 23 %. La Mercedes Classe C suit la même pente, tandis que Volvo S60/V60 et Polestar 2 décrochent encore davantage. Pour les constructeurs, il ne s’agit plus d’un simple trou d’air: c’est une remise à plat du format, que l’arrivée de motorisations branchées n’a pas suffi à réenchanter. La désaffection gagne aussi les flottes, traditionnel bastion de ces silhouettes.
Au fil des usages, la berline classique paraît moins pertinente. Les SUV de gabarit moyen, souvent proposés en hybride rechargeable et perçus comme plus polyvalents, récupèrent une grande partie des acheteurs historiques. Même les modèles 100 % électriques supposés relancer l’intérêt, à l’image de la BMW i4, ne renversent pas la vapeur. Dans ce contexte, les marques premium doivent à la fois moderniser l’offre et repenser la place de la berline dans un marché obsédé par les silhouettes hautes, l’habitabilité et une image jugée plus “lifestyle”.
Les données de marché (Dataforce, Automotive News) confirment un changement de comportement plus qu’une crise passagère. Le public privilégie des véhicules jugés plus pratiques au quotidien, plus adaptés aux trajets variés et plus valorisants dans l’imaginaire collectif. Le SUV, y compris lorsqu’il est électrifié ou porté par de nouveaux acteurs comme BYD, s’impose comme le compromis idéal entre confort, statut et polyvalence. Face à cette dynamique, la berline traditionnelle paraît décalée aux attentes actuelles sur un marché de plus en plus normé.
Cette bascule touche tous les grands marchés européens. L’Allemagne demeure le dernier bastion de la berline, avec 37 % des ventes. Le Royaume‑Uni, autrefois moteur du segment, a décroché de 26 %. Ailleurs, les volumes se replient à des niveaux symboliques: 6 % en Italie, 4,7 % en Suède et 4,2 % en France. Le phénomène s’étend aussi aux dérivés, notamment les breaks premium, eux aussi délaissés alors qu’ils incarnaient historiquement l’alternative familiale chic aux SUV. Même les entreprises rationalisent leurs commandes et privilégient des silhouettes plus hautes.
Face à l’érosion, les marques ne lâchent pas la berline mais changent de logiciel. BMW prépare une nouvelle Série 3 thermique, accompagnée d’une i3 100 % électrique dont la base technologique sera proche du nouvel iX3. L’enjeu est limpide: offrir une berline électrique efficiente et endurante, capable de rivaliser avec les SUV sur l’autonomie tout en retrouvant l’ADN dynamique qui fait la signature de la maison.
Mercedes adopte une trajectoire comparable pour la prochaine Classe C. Le modèle thermique sera renouvelé, tandis qu’une variante électrique reposera sur une base issue du nouveau GLC, pensée pour se décliner en plusieurs silhouettes. Cette stratégie vise autant l’optimisation des coûts que l’adéquation avec l’usage électrique: plateformes dédiées, efficience, packaging malin. Objectif: reconquérir une partie du public avec des berlines crédibles, modernes et alignées sur les attentes réelles des conducteurs et des flottes dans toute l'Europe.
Pour autant, rien ne dit que la berline premium soit condamnée. La baisse actuelle reflète surtout un décalage entre l’offre et l’usage réel des automobilistes. Si la prochaine génération électrique parvient à conjuguer efficience, confort, techno au goût du jour et tarifs mieux positionnés, le format pourra regagner sa légitimité face aux SUV. La berline conserve d’ailleurs des atouts clés, notamment sur l’aérodynamique et donc l’autonomie. En toile de fond, la période témoigne d’une transition profonde: les stars d’hier ne suffisent plus face à des silhouettes devenues dominantes. Le jeu se jouera sur l’efficience logicielle, la charge rapide et l’expérience digitale, sans oublier le plaisir de conduite.
Reste une voie pragmatique: pour qui rêve d’une BMW M3 sans s’enchaîner, la LOA ou la LLD fluidifient le passage à une berline agile, même à l’heure des SUV. Accompagnement, garanties et sélection soignée sur Joinsteer.
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