
On a rencontré Gilles Vidal, directeur du design des marques européennes de Stellantis, pour parler futur de Citroën, DS Automobiles et Peugeot. Rôle clair pour chaque marque, retour des modèles iconiques, place de l’intelligence artificielle, rapidité de création, écrans et après-SUV : on a tout passé au crible pour comprendre sa vision. Voici ce qui en ressort, sans filtre.
Après sa tournée des marques italiennes à Turin et avant une visite chez Opel en Allemagne, Gilles Vidal nous a reçus à l’ADN de Vélizy (78) pour détailler sa mission à la tête du design des marques françaises de Stellantis. Après cinq ans passés à piloter le style chez Renault, l’Auvergnat revient « à la maison » où il a signé, chez Citroën puis Peugeot, vingt-cinq années de créations marquantes. Désormais aux commandes du style des huit marques européennes du groupe, il va imprimer sa patte à Alfa Romeo, Fiat, Lancia, Maserati, Citroën, DS Automobiles, Peugeot et Opel. Un chantier XXL qui doit mêler vision forte, cohérence, et exécution millimétrée.

Pour Vidal, le design est d’abord une expérience de vie qui doit rendre le quotidien meilleur demain qu’aujourd’hui. Le dessin n’est qu’une brique : les fonctions, l’usage et l’émotion comptent tout autant, dans une alchimie complexe. L’IA, dit-il, change la donne à une échelle historique, ouvrant des défis audacieux pour chaque marque sans jamais remplacer la créativité humaine.

Une marque doit avoir une vraie raison d’être : si elle disparaissait, qu’est-ce que le monde y perdrait ? Dans un univers où tout le monde est fiable, bien équipé et performant, il faut se distinguer par l’unicité, la puissance d’expression et l’exclusivité. L’objectif : créer des icônes au look singulier et au produit pertinent. Pas de rétrofuturisme paresseux, mais un soin obsédant apporté à chaque échelle de l’objet, du langage de forme aux optiques, jusqu’à l’habitacle. Générer de l’émotion et de la surprise tout au long du parcours d’expérience, pour des produits mémorables et pérennes. Chaque marque doit performer sur ses valeurs sans cannibaliser les autres : l’émulation doit rester externe.

Place à la créativité pure, sans filtre. Il faut parfois effrayer la moitié d’un Comex pour viser juste : un design qui rassure et fait consensus n’est pas le bon. Oser fort, mais avec une exécution harmonieuse, sans bizarreries gratuites. Tout doit rester agréable à l’œil, utile et porteur de sens. Objectif : renforcer l’image de chaque marque tout en orchestrant intelligemment leurs synergies. Face à la poussée des nouveaux acteurs chinois, la force émotionnelle et l’historique de nos marques restent un avantage immense — à cultiver plutôt qu’à copier le passé.

Le design peut accélérer, sans problème, à condition d’aligner tout l’écosystème. Raccourcir les boucles, réduire les strates de décision, multiplier les acteurs plutôt que les gatekeepers : c’est le nerf de la guerre. Exit les rituels hebdo qui figent le tempo industriel. Il faut viser haut dès le départ, rester focus, ne pas édulcorer le projet en route. La vitesse sert la fraîcheur du design, à condition de savoir ce qu’on veut et d’y tenir.
L’impression 3D apporte un vrai gain de temps et ouvre la porte à une personnalisation fine. Elle sert déjà pour des pièces comme des clips serre-câble, imprimés au plus près des lignes d’assemblage pour éviter du transport inutile de pièces à faible valeur. Mais aujourd’hui, cette techno reste de cinq à dix fois plus coûteuse que l’injection plastique, ce qui limite son déploiement massif.

Oui, et depuis plusieurs années. L’IA est bluffante mais ne remplace ni l’œil ni l’expertise du designer. Stellantis a développé des IA internes, confidentielles, nourries de créations inédites des studios et protégées. L’outil génère des alternatives quasi infinies, accélère le tri et automatise les déclinaisons fastidieuses. Il transforme un croquis en modèle 3D en quelques minutes au lieu de plusieurs jours, et compresse certains calculs d’ingénierie de deux semaines à deux heures. L’humain reprend toujours la main pour affiner : l’IA reste un assistant, pas un auteur.
Cap sur des univers distincts entre les marques, avec des expériences variées qui ne sacrifient ni l’ergonomie ni la sécurité. Les boutons physiques ne vont pas disparaître. Certaines marques oseront de grands affichages, sans course à l’armement. L’enjeu, c’est l’équilibre, et une connectivité fluide avec nos smartphones.
Le retour des silhouettes basses s’impose : plus efficientes aérodynamiquement et plus légères. Des monovolumes aux arrières resserrés pourraient aussi revenir, avec un look sexy, des épaules marquées et des passages de roues singuliers. L’idée, c’est aussi de réinventer le SUV — sans en dire plus pour l’instant — afin de concilier style, efficience et désirabilité.
En écho à ces lignes qui se réinventent, le rêve perdure: une Porsche 911 à portée via LOA/LLD, sans renier l’émotion. Pour un leasing fluide et sûr, découvrez Joinsteer.

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