Italdesign ne fait plus partie intégrante du giron Volkswagen: Audi cède la main sur le mythique carrossier à UST, une tech company américaine présente dans plus de 30 pays. Un virage majeur pour un studio fondé par Giorgetto Giugiaro et longtemps au centre de la stratégie du groupe allemand. Au-delà du simple transfert de capital, l’opération illustre la mue du design automobile, désormais autant affaire de code et de data que d’art et de lignes.
Créé en 1968 par Giorgetto Giugiaro, Italdesign a façonné une bonne partie de l’histoire auto européenne: Golf, Scirocco, Passat, Alfa 159, Fiat Grande Punto, mais aussi des travaux pour BMW, Hyundai ou Renault. Audi en avait pris le contrôle total en 2015, en transformant le studio en pôle stratégique du groupe Volkswagen pour le style, l’ingénierie et le prototypage. Oui, mais voilà: comme pressenti depuis des mois, la marque aux anneaux accepte de céder la majorité du capital à un acteur extérieur. Officiellement, le studio restera un “partenaire stratégique” via Lamborghini. Dans les faits, Italdesign sort du périmètre industriel d’Audi pour entrer dans l’orbite d’une entreprise experte en cloud, IA, cybersécurité et développement de véhicules définis par le logiciel. Les fameux SDV (Software Defined Vehicles). Un mouvement tout sauf anodin, qui aligne le design automobile sur les codes, les méthodes et le rythme du logiciel.
UST n’est pas un nom familier pour les passionnés d’auto. Née en 1999 en Californie, la société revendique 30 000 collaborateurs et une expertise couvrant l’IA, les plateformes digitales, l’automatisation et le développement logiciel. Son ambition affichée: combiner ses compétences avec l’héritage d’Italdesign pour proposer un parcours complet, du concept initial à la production, en passant par la conception matérielle et l’architecture logicielle. Cette orientation colle aux mutations du secteur. Les constructeurs veulent réduire les coûts, externaliser certains métiers et accélérer la mise sur le marché de véhicules “software-defined”, dont la valeur perçue tient autant au design physique qu’à l’expérience numérique embarquée. Dans ce contexte, voir UST prendre les rênes d’Italdesign illustre une réalité: le design automobile se connecte au cloud, aux API et à la donnée, avec une cadence d’évolution dictée par le logiciel.
Pour Italdesign, cette vente ouvre la porte à un développement international potentiellement plus large qu’au temps d’Audi, même si la trajectoire exacte du studio reste encore floue. Le dernier concept marquant, EVX, présenté comme simple hologramme à Munich, symbolisait déjà une phase de transition, avec une activité de plus en plus indépendante de la maison-mère. L’intégration à UST pourrait acter ce positionnement hybride, mêlant design, ingénierie et software. Pour l’ensemble de l’industrie, le message est clair. Les studios historiques doivent se réinventer, comme tant d’autres métiers touchés par la transformation numérique. La chaîne de valeur du véhicule connecté, numérisé et défini par logiciel attire désormais des acteurs sans héritage auto mais dotés d’une culture tech solide. Ce basculement pourrait bien annoncer une nouvelle vague d’alliances, de cessions et de partenariats.
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