Les marques automobiles chinoises avancent leurs pions en Europe, mais la conquête du marché se joue moins en showroom que sur un tracé mythique : la boucle nord du Nürburgring. Pour un public qui découvre encore ces logos et ces modèles, l’objectif est clair : crédibiliser la performance, raconter une histoire de technologie et créer de la désirabilité. Pas de raz-de-marée dans les ventes pour l’instant, mais une stratégie d’image qui s’affirme tour après tour sur la Nordschleife, terrain idéal pour taper fort dans l’imaginaire collectif des passionnés comme des curieux.
Le Nürburgring, ce n’est pas qu’un ruban d’asphalte. C’est un labo à ciel ouvert où châssis, trains roulants, freins et refroidissement sont poussés au bout de leur logique sur un tracé bosselé, piégeux, changeant. C’est aussi une scène marketing XXL : un chrono bien communiqué peut faire entrer une auto dans la conversation des aficionados. Des références comme la Nissan GT-R, la Renault Mégane R.S. ou la Honda Civic Type R ont bâti une partie de leur légende ici. Aujourd’hui, de nouveaux acteurs venus de Chine embrassent les mêmes codes pour accélérer leur notoriété, en misant sur des records, des vidéos spectaculaires et des fiches techniques qui claquent autant que leurs promesses.

La Yangwang U9 Xtreme s’est récemment installée en haut de l’affiche des supercars électriques sur la Nordschleife, avec un tour de 20,832 km bouclé en 6’59’’157. Oui, le cap des sept minutes est toujours symbolique. Mais, avec environ 3 000 ch et une fiche technique d’hypercar, on pouvait s’attendre à un écart plus net. À titre de repère, une Porsche 911 GT3 de 510 ch revendique 6’56’’294 avec la boîte PDK, preuve qu’un châssis tranchant et un poids maîtrisé restent des atouts décisifs. Là où la U9 Xtreme a vraiment frappé fort, c’est sur l’anneau de Papenburg, avec une Vmax mesurée à 496,22 km/h, au-dessus d’une Chiron Super Sport. Elle brille donc en ligne droite, mais semble encore chercher le même niveau d’aisance en virage : l’« enfer vert » ne pardonne pas l’excès de masse ni une mise au point perfectible, même quand la cavalerie est XXL.

Le groupe BYD multiplie les allers-retours vers l’Eifel. Repérée non loin du circuit, une Denza encore camouflée a été immortalisée en phase de tests. Sous ce label promis à une arrivée prochaine en France, on reconnaît les lignes de la Denza Z, une sportive quatre-portes dont le style mixe des codes qui évoquent des GT d’exception. Venue pour peaufiner sa mise au point, viser un chrono, ou cocher les deux cases ? Mystère. En revanche, la stratégie saute aux yeux : afficher de la prestance technique sur un tracé qui fait autorité, tout en capitalisant sur l’aura du Ring pour doper l’image de marque. Si l’exercice est bien mené, le bénéfice pourrait dépasser le simple buzz et rejaillir sur les modèles de grande série, avec une mise au point châssis plus aboutie et un agrément de conduite en hausse au quotidien.

Avant même d’oser une implantation sur le Vieux Continent, Xiaomi a dégainé la SU7 sur la Nordschleife. La version Ultra a signé 7’04’’957, quand un prototype a été chronométré en 6’22’’091. Le message est limpide : vitesse, efficience et maîtrise logicielle peuvent hisser une berline électrique à hauteur des meilleures références locales. Résultat : la Porsche Taycan s’est vue bousculée chez elle, et la Tesla Model S Plaid a été reléguée. Pour le storytelling, c’est du pain bénit, surtout pour convaincre des clients chinois que l’alternative domestique n’a plus complexe à nourrir face aux icônes étrangères.

Reste que la course au chrono ne suffit pas à valider une voiture dans la vraie vie. La SU7 s’est retrouvée au cœur de polémiques : interrogations sur la sécurité de poignées de portes, débats autour de la conduite assistée, accusations de pratiques commerciales discutables. Autant de signaux qui rappellent qu’un record ne garantit ni la qualité globale, ni le succès commercial. En Europe, l’exemple du constructeur chinois le plus implanté, MG, illustre une autre approche : priorité au rapport prix/prestations plutôt qu’aux exploits sur piste. Moralité : la Nordschleife est un amplificateur d’image redoutable, mais la constance, la fiabilité perçue, l’expérience client et des tarifs cohérents restent les vrais piliers pour gagner des parts de marché sur un public exigeant et ultra-connecté.

Passionné de piste et de simracing, je vis l’auto à 360° : technique, ressenti, culture et usages. Mon credo ? Vulgariser sans sacrifier la précision, pour aider chacun à décrypter les tendances, les chiffres et ce qui fait vraiment la différence au volant.
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