Les terres rares, essentielles à nos moteurs électriques et aux innovations technologiques, se retrouvent aujourd’hui au cœur d’un conflit géopolitique inédit. La Chine, qui domine largement ce secteur, vient de durcir encore son contrôle en élargissant les restrictions à l’exportation. Cette décision met en péril la filière européenne et américaine et pousse fortement l’industrie à repenser son autonomie et ses chaînes de valeur.
Surplombant le marché mondial des voitures électriques, la Chine vient de renforcer fortement les restrictions sur l’export de terres rares – ces métaux indispensables à la création des moteurs électriques, des aimants surpuissants, mais aussi à de nombreux composants électroniques ou systèmes de guidage.
Le néodyme, le praseodyme, le dysprosium ou encore le terbium : ces métaux ultra-précieux donnent aux aimants permanents une puissance de feu et une résistance à la chaleur incroyables. Ce sont eux qui garantissent aux voitures électriques leur performance et leur autonomie. Et la Chine tient la place de leader incontesté sur la scène internationale : elle assure près de 58 % de l’extraction mondiale, et 92 % de la fabrication des composants issus de ces métaux. Ce monopole transforme les terres rares en véritable arme économique et stratégique.
Dernièrement, les tensions se sont accentuées : initialement, un premier blocage avait stoppé l’exportation de six métaux précieux lors d’un bras de fer commercial avec les États-Unis. Après un léger assouplissement, la situation se tend à nouveau, avec désormais cinq éléments nouveaux placés sous contrôle chinois strict : holmium, erbium, thulium, europium et ytterbium.
Mais ce n’est pas tout : la Chine ne limite pas son offensive aux matières premières, elle étend aussi les restrictions à toutes les technologies qui gravitent autour de la chaîne de production des terres rares. Extraction, raffinage, recyclage… tout est désormais soumis à licence d’export, même pour les groupes étrangers. Résultat : le commerce international de ces ressources clé est encore plus verrouillé, accentuant l’influence de Pékin.
Réactions en chaîne : le Congrès américain n’a pas tardé à mettre sur la table des mesures plus dures, notamment des interdictions sur les équipements pour semi-conducteurs exportés vers la Chine. En Europe, l’alerte est tirée par l’Italie – via le lobby automobile ANFIA – qui note que les stocks européens de terres rares sont au plus bas, mettant en danger la continuité de la production automobile. Roberto Vavassori, le président d’ANFIA, rappelle que si les stocks-tampons ont permis jusqu’ici d’éviter l’arrêt des usines, ce matelas de sécurité est désormais épuisé. Récemment, plusieurs constructeurs ont même dû suspendre certaines chaînes faute d’approvisionnement. Côté équipementiers, on admet que les efforts pour dénicher de nouveaux fournisseurs hors de Chine ne pourront offrir aucune solution immédiate… Pas très rassurant !
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