Economie / Politique

Recyclage du plastique: l’Europe en difficulté face au plastique vierge chinois

Recyclage du plastique: l’Europe en difficulté face au plastique vierge chinois

Face à une demande en berne et à une arrivée massive de plastique vierge low-cost venu d’Asie, l’industrie européenne du recyclage vacille. Fermetures d’usines, capacités qui s’étiolent, prix en chute libre: les acteurs du secteur alertent Bruxelles et réclament des mesures d’urgence pour sauver un pilier clé de la transition écologique, avant qu’il ne s’effondre.

Ces derniers jours, les spécialistes européens du recyclage du plastique ont pressé l’Union européenne d’activer des mesures d’urgence pour contrer la concurrence asiatique sur les importations de plastique vierge en Europe, vendu beaucoup moins cher, surtout en provenance de Chine. Lors d’un point presse à Bruxelles, Denis Bonvillain, directeur des affaires publiques Europe chez Veolia, a taclé l’UE: “L’Europe affiche des objectifs climatiques très ambitieux, mais laisse s’écrouler un pilier crucial de la transition: le recyclage du plastique.” Message clair: sans cadre, le recyclé perd pied face au vierge bradé. Les industriels réclament garde-fous et de la visibilité.

Plastique : quand l’offre dépasse la demande

Le coup de mou se lit dans les chiffres: en trois ans, le secteur a vu fermer une trentaine de sites en Europe et perdu l’équivalent d’un million de tonnes de capacités de recyclage, pour retomber autour de 13 millions. La demande mondiale étant atone, la surproduction tire les prix vers le bas depuis 2022. L’un des moteurs de cette pression? La mise en service par la Chine d’immenses unités pétrochimiques. Sven Saura, vice‑président déchets solides et solutions de recyclage chez Veolia, résume: “On parle d’environ 60 millions de tonnes de capacité, soit 15% supplémentaires.” De quoi doper l’offre et écraser le marché. De là naît l’accusation désormais récurrente côté européen: une concurrence jugée déloyale, qui fragilise l’écosystème du recyclage et détourne les flux vers le plastique neuf. À terme, des emplois et des savoir-faire locaux sont menacés.

Sur une voiture le plastique est encore bien présent.
Sur une voiture le plastique est encore bien présent.© Stellantis

La Chine fait baisser le cours du plastique

Par nature, le plastique vierge coûte souvent moins cher que le recyclé. Mais l’écart a explosé: aujourd’hui, la tonne de vierge se négocie autour de 800 à 900 € quand le recyclé grimpe vers 1 800 €. Difficile, dans ces conditions, de faire préférer la matière régénérée aux acheteurs. Pour relever la barre, Veolia, avec Plastics Recyclers Europe, défend un plan d’action: obligation de recyclage renforcée et règlementation portée à 35% de contenu recyclé dès 2027, contre 25% aujourd’hui. Le groupe pousse aussi une obligation d’incorporation pour les plastiques utilisés par l’industrie automobile, où le plastique est omniprésent, même là où on ne l’attend pas. Objectif: sécuriser des débouchés, stabiliser les prix et redonner de la valeur au tri. Faute de soutien rapide de Bruxelles, le risque est clair: autres fermetures d’usines, investissements gelés, et incapacité à atteindre les objectifs européens de production de plastique recyclé. À la clé, moins de circularité, plus de déchets brûlés ou exportés, et un recul de la souveraineté industrielle que l’Europe dit pourtant vouloir renforcer durablement.

Laurent Lepsch

Journaliste auto digital depuis de longues années, j’ai aussi un faible pour les sports mécaniques modernes.

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