En août, une cyberattaque a frappé Jaguar Land Rover et l’addition est salée: près de 2,5 milliards de dollars pour l’économie britannique. Un rapport indépendant la classe comme l’événement cyber le plus dommageable jamais vu au Royaume‑Uni. Le constructeur est resté à l’arrêt six semaines, ne relançant ses lignes qu’au tout début d’octobre. Un crash industriel et logistique qui expose la fragilité du secteur face aux cybermenaces.
Les chiffres donnent le vertige, et pas dans le bon sens pour Jaguar Land Rover. Selon le Cyber Monitoring Centre (CMC), organisme indépendant soutenu par l’assurance, le piratage de JLR en septembre aurait coûté 1,9 milliard de livres sterling, soit environ 2,5 milliards de dollars, à l’économie du pays. Le rapport, publié récemment, estime que plus de 5 000 organisations ont été touchées, directement ou indirectement, par l’arrêt brutal des systèmes du constructeur. La quasi‑totalité des pertes provient du gel de la production, chez JLR comme chez ses fournisseurs. Bilan: des chaînes immobilisées, des livraisons reportées et un effet ricochet dans tout l’écosystème industriel.
Le CMC a classé l’incident en catégorie 3 sur 5, une échelle réservée aux événements dits “systémiques”, capables d’entraîner tout un écosystème industriel. Dès la fin août, le piratage a figé le constructeur: ses trois usines britanniques, capables de produire jusqu’à 1 000 véhicules par jour, ont été mises sur pause. En septembre, Reuters évaluait les pertes de Jaguar Land Rover à environ 50 millions de livres par semaine, une estimation confirmée par plusieurs analystes. Pour éviter un effet domino sur la chaîne d’approvisionnement, la maison mère Tata Motors a décroché fin septembre une garantie de prêt de 1,5 milliard de livres auprès du gouvernement britannique. Si la production a redémarré début octobre, les spécialistes préviennent que la facture pourrait encore enfler si le retour à la normale prend plus de temps que prévu, et que les stocks restent désorganisés durablement.
Pour le CMC, ce n’est pas un incident isolé, mais le révélateur d’une vulnérabilité structurelle: des constructeurs automobiles désormais hyper‑dépendants d’infrastructures numériques massives. Le timing n’a rien arrangé. L’incident est survenu le 1er septembre, jour du “new plate day”, le plus crucial de l’année pour les immatriculations au Royaume‑Uni: aucune Jaguar ni Land Rover n’a pu être enregistrée. L’organisme rappelle qu’il s’agit de l’attaque la plus coûteuse jamais recensée outre‑Manche, avec des répercussions sur tout le tissu industriel, des fournisseurs aux concessionnaires. Un record bien triste pour une marque déjà en pleine restructuration, et surtout un signal d’alarme pour l’ensemble de l’industrie auto européenne, invitée à muscler sa cybersécurité, ses plans de continuité et la résilience de sa supply chain opérationnelle.
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