Mobilité verte

Peugeot Traveller sur rails: la Ferromobile veut réinventer les petites lignes

Peugeot Traveller sur rails: la Ferromobile veut réinventer les petites lignes

Et si la prochaine révolution du rail venait… de la voiture ? Née d’un Peugeot Traveller profondément revu, la Ferromobile veut faire circuler des véhicules électriques et automatisés sur les rails délaissés du réseau secondaire. Porté par l’Ademe et France 2030, ce concept rail‑route marie agilité routière et sécurité ferroviaire. Un projet 100 % français, à la fois pragmatique et un brin utopique, qui pourrait réveiller près de 5 700 kilomètres de petites lignes oubliées.

Si vous avez suivi, même de loin, les folies du trio Clarkson‑Hammond‑May dans Top Gear, vous vous rappelez sûrement cette Jaguar XJS rouge convertie en petit train, tirant des caravanes sur une vraie voie. Et si cette idée baroque passait du gag à la réalité en France ? Imaginée dans le Livradois‑Forez, en Auvergne, l’ambition est simple: transformer une voiture de série en véhicule apte à rouler sur rails. Pas de prototype exotique ici. La Ferromobile s’appuie sur le Peugeot Traveller, équipé de roues ferrées escamotables et d’une chaîne de traction 100 % électrique. À la clé: jusqu’à huit passagers, des pointes à 100 km/h sur rail et la possibilité de circuler en convois de cinq véhicules. Le freinage s’effectue via les pneus, ce qui permet d’exploiter l’ABS comme sur route. Elle peut aussi quitter la voie pour se garer ou rejoindre un hub. Et tout cela sans conducteur, grâce à un pilotage automatique inspiré du métro. Le guidage se fait par les rails, la navigation par capteurs et par une communication directe entre véhicules. La voiture serait‑elle l’avenir du train ?

Le train sans la lourdeur du train

Le système de la Ferromobile permet à la fois de rouler sur les rails, mais aussi en dehors. À terme, l'idée serait d'en faire un transport entièrement automatisé.
Le système de la Ferromobile permet à la fois de rouler sur les rails, mais aussi en dehors. À terme, l'idée serait d'en faire un transport entièrement automatisé. © Christophe Lepetit pour l’ADEME 2024

Si l’idée n’est pas totalement inédite — on pense au projet Flexy mené par un consortium avec Michelin, Milla et Railenium sous l’égide de la SNCF — l’objectif reste le même: faire rouler des véhicules légers sur des infrastructures ferroviaires existantes à moindre coût. Tout en limitant les travaux lourds. Là où la remise en service d’une ligne classique culmine jusqu’à 2 millions d’euros par kilomètre, un fardeau pour les collectivités, la Ferromobile viserait environ 200 000 euros. Porté par la SICEF (Société d’ingénierie, de construction et d’exploitation du Ferromobile) avec l’appui de l’Ademe et d’Arnaud Montebourg, le projet vise une certification fin 2026, pour une mise en service commerciale en 2028. Entièrement autonome, 100 % électrique et réservable à la demande via une application, le service peut fonctionner comme un TER allégé… ou comme un Uber sur rails. Chaque ligne disposerait de hubs où les véhicules entrent et sortent de la voie. Les croisements seraient gérés sur des plateformes espacées, coordonnées par un système intelligent de supervision du trafic.

Un pari technologique et patrimonial

La France compte près de 9 000 km de petites lignes, dont 5 700 aujourd’hui inactives. Dix millions d’habitants vivent à portée de ces rails oubliés. En les réinvestissant, la Ferromobile promet de décarboner la mobilité rurale tout en valorisant le patrimoine ferroviaire. Les véhicules ne partageraient évidemment pas les voies avec des trains classiques. En revanche, en défrichant ces lignes, le système resterait compatible avec un futur retour du rail ou des circulations touristiques. Pour Olivier Le Cornec, directeur général du projet, la Ferromobile combine la sécurité du ferroviaire et la flexibilité de la route. Utopique ? Peut‑être. Mais quand 31 % des émissions françaises viennent des transports, accélérer la décarbonation passera aussi par là, en désenclavant des territoires privés de services et d’options de mobilité.

Maël Pilven

Nouvelles ou anciennes, thermiques ou électriques, les voitures me passionnent depuis toujours. Sur la route comme derrière l’écran, je les raconte avec le même enthousiasme intact.

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