Economie / Politique

Malus écologique à 100 000 € : votre rêve auto va-t-il exploser votre budget ?

Malus écologique à 100 000 € : votre rêve auto va-t-il exploser votre budget ?

En 2028, le malus écologique soufflera ses 20 bougies avec une note salée : le plafond grimperait à 100 000 €. Le projet de loi de finances 2026 durcit le barème au point de transformer certaines sportives, familiales et SUV en produits quasi luxueux. Pour certains modèles, la facture finale peut littéralement tripler. Autant dire que la passion auto pourrait coûter très cher à qui veut encore se faire plaisir au volant.

Concrètement, le plafond passerait à 100 000 € dès 2028 (contre 70 000 € en 2025) et le déclenchement du malus serait avancé de 5 g/km, à partir de 98 g/km de CO2 (contre 113 aujourd’hui), avec un ticket d’entrée de 50 €. Mais dès 187 g/km de CO2, on atteint d’office 100 000 € de taxe. Et cerise sur le gâteau fiscal : le malus au poids deviendrait cumulable même quand le plafond CO2 est touché, ce qui pourrait faire exploser la note au-delà de 100 000 € pour les véhicules les plus lourds.

Les sportives au bord de l’extinction

L'Alpine A110, si elle est loin des 100 000 € de malus, verrait quand même son malus presque tripler à horizon 2028.
L'Alpine A110, si elle est loin des 100 000 € de malus, verrait quand même son malus presque tripler à horizon 2028.© DR

À ces niveaux, la passion auto devient un luxe réservé à quelques privilégiés ou collectionneurs. Voici des exemples de modèles actuels (non exhaustif) qui, s’ils sont encore vendus en 2028, imposeraient à leurs acheteurs un supplément à cinq voire six chiffres.

  • Alpine A110 GT (153 g/km) → aujourd’hui 3 784 € de malus / 11 803 € en 2028
  • Alfa Romeo Giulia 2.0 T 280 (191 g/km) → 64 356 € de malus en 2025 / 100 000 € en 2028; pour un prix d’achat de 58 100 €
  • Audi S3 (185 à 192 g/km) → aujourd’hui entre 45 990 et 67 467 € / de 92 355 à 100 000 € en 2028
  • Audi A5 Sportback 3.0 V6 TDI (186 g/km) → aujourd’hui 48 901 € / 98 577 € en 2028, dernière tranche sous les 100 000 €
  • Audi SQ2 (191 g/km) → aujourd’hui 64 356 € / 100 000 € en 2028, soit un prix de base de 57 500 € presque triplé
  • BMW Série 2 Coupé 240i (192 g/km) et M2 (230 g/km) → 100 000 €
  • BMW Série 3 340i (185 à 190 g/km) → selon la version, les 100 000 € de malus sont dépassés
  • BMW M5 hybride rechargeable de 727 ch, avec entre 37 et 39 g/km, échappe à tout malus CO2. De même pour un BMW XM de 748 ch.
  • Cupra Formentor 265 ch (177 g/km) → 26 302 € de malus 2025 / 67 467 € en 2028, soit plus du double du prix d’achat (51 760 €)
  • Cupra Leon 2.0 TSI 300 (172 g/km) → 17 247 € de malus 2025 / 51 912 € de malus 2028, plus du double du prix d’achat (47 425 €)
  • Mercedes-AMG A35 (187 g/km) → dernière tranche avant les 100 000 €, soit 98 577 €, contre 51 912 € aujourd’hui. Pour un prix d’achat de 63 950 €. La Classe A45 S (212 g/km) → 100 000 € d’office
  • 30 000 € de plus pour l’ensemble des Porsche 911, actuellement taxées 70 000 €, et qui passeront toutes à 100 000 €
  • Honda Civic Type R (186 g/km) → 48 901 € malus 2025 / 95 466 € malus 2028, pour un prix d’achat de 57 220 €. Soit un prix de base presque triplé
  • Toyota GR Yaris (197 g/km) → 70 000 € malus 2025 / 100 000 € malus 2028, pour un prix d’achat de 49 950 €. Soit un prix de base triplé
  • Toyota Land Cruiser (279 g/km) → 70 000 € malus 2025 / 100 000 € malus 2028, pour un prix de base de 73 000 €
  • Volkswagen Golf R (184 à 190 g/km) → jusqu’à 100 000 € de malus, soit un prix (58 900 €) presque triplé

Un fort pouvoir de dissuasion

Si les modèles actuels persistent, beaucoup de voitures « plaisir », déjà lourdement taxées, seront sacrifiées pour cause d’émissions trop élevées. Grandes gagnantes du moment, les hybrides rechargeables affichent des valeurs d’homologation très basses, y compris sur des versions très puissantes. Mais attention, leurs émissions réelles pourraient être jusqu’à cinq fois supérieures aux tests de labo, ce qui pourrait conduire à une révision d’homologation à moyen terme, sans oublier le malus au poids. L’État ne vise d’ailleurs pas une manne colossale : peu de clients paieront 100 000 € de taxe. L’objectif est clair et assumé : dissuader l’achat de thermiques. Autrement dit : rouler « différent » coûtera très cher, et pour les fans de voitures d’exception, le rêve pourrait bientôt se vivre… sur brochure.

Maël Pilven

Nouvelle ou ancienne, thermique ou électrique, l’automobile me fait vibrer depuis toujours. Au volant comme derrière mon écran, j’en parle avec autant de passion que possible !

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