Et si la prochaine révolution du rail venait… de la voiture ? Imaginée à partir d’un Peugeot Traveller transformé, la Ferromobile promet de faire circuler des voitures électriques autonomes sur les rails délaissés du réseau secondaire. Soutenu par l’Ademe et France 2030, ce véhicule rail-route marie le meilleur de la route et du train. Un pari 100 % français, pragmatique autant qu’utopique, capable de réveiller 5 700 kilomètres de petites lignes oubliées.
Vous avez déjà vu des voitures jouer aux trains à la télé ? Souvenez-vous du trio Clarkson-Hammond-May et de cette Jaguar XJS rouge glissant sur les rails, caravane en remorque. Sauf qu’ici, on quitte le gag pour du concret made in France. Née dans le Livradois-Forez, en Auvergne, l’idée est simple et géniale: transformer un modèle de grande série en véhicule apte au rail. Pas d’exotisme: la base, c’est le Peugeot Traveller. La Ferromobile reçoit des roues ferrées escamotables et une motorisation 100 % électrique. Elle peut embarquer jusqu’à huit passagers, filer à 100 km/h sur rail et se regrouper en convois de cinq. Le freinage passe par les roues pneumatiques pour garder l’ABS comme sur route. Bonus pratique: elle peut quitter la voie pour se garer ou rejoindre un hub. Et tout ça sans chauffeur, grâce à un pilotage automatique inspiré du métro. La voiture peut-elle devenir l’avenir du train ? Le tout est supervisé par un système de contrôle sécurisé qui coordonne accélération, freinage et distances entre véhicules. Bref, un mini-rail façon flotte intelligente. Et sans caténaire ni loco.
Cette idée n’est pas sortie de nulle part. D’autres pistes existent, comme Flexy porté par un consortium avec Milla Group, Michelin et Railenium sous l’égide de la SNCF. L’objectif reste identique: faire rouler des véhicules légers sur des voies existantes, à moindre coût. Là où la remise en service d’une ligne classique grimpe jusqu’à 2 millions d’euros par kilomètre, un gouffre pour les budgets locaux, la Ferromobile viserait environ 200 000 euros. Derrière le projet, la SICEF — Société d’ingénierie, de construction et d’exploitation du Ferromobile — avance, avec l’appui de l’Ademe et d’Arnaud Montebourg, vers une certification fin 2026 et une mise en service commerciale en 2028. 100 % électrique, autonome et réservable à la demande via une app, la Ferromobile peut jouer le rôle d’un TER allégé ou d’un Uber sur rails. Chaque ligne disposerait de hubs où les véhicules entrent et sortent de la voie. Les croisements s’effectuent sur des plateformes régulières, pilotés par un système intelligent de gestion du trafic. Le tout s’orchestre sans gares lourdes centralisées.
La France possède environ 9 000 km de petites lignes, dont 5 700 aujourd’hui hors service. Près de dix millions d’habitants vivent à portée de ces rails endormis. En les réactivant, la Ferromobile veut décarboner la mobilité rurale tout en sauvegardant un patrimoine ferroviaire unique. Pas question toutefois de partager la voie avec des trains lourds. En revanche, en défrichant ces itinéraires, le dispositif resterait compatible avec un éventuel retour du rail classique ou des circulations touristiques. Pour Olivier Le Cornec, directeur général du projet, la Ferromobile combine la sécurité du ferroviaire et la flexibilité de la route. Utopie ? Peut-être. Mais alors que 31 % des émissions françaises viennent des transports, une partie de la solution pourrait bien passer par là, en reconnectant des territoires oubliés, partout, durablement.
Ancienne ou moderne, thermique ou électrique, la bagnole me passionne depuis toujours. Au volant comme sur le web, je la raconte avec autant d’énergie que possible !
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