Economie / Politique

Crise des semi-conducteurs: les Pays-Bas prêts à desserrer l’étau sur Nexperia pour sauver l’auto européenne

Crise des semi-conducteurs: les Pays-Bas prêts à desserrer l’étau sur Nexperia pour sauver l’auto européenne

Entre Pékin et La Haye, la bataille autour de Nexperia, fabricant clé de puces, fait trembler l’auto européenne. Au bord du blocage, un recul des Pays-Bas pourrait désamorcer la crise. Mais derrière ce bras de fer, quels enjeux stratégiques et économiques se jouent vraiment ?

Depuis des mois, la pénurie de semi-conducteurs pèse sur tout le marché auto en Europe. Dernier épisode: l’intervention des autorités néerlandaises sur Nexperia, filiale chinoise stratégique. Ce clash politico-commercial expose la fragilité de chaînes techno mondialisées déjà sous tension et leur dépendance extrême.

Nexperia: un bras de fer qui grippe la chaîne d’approvisionnement européenne

Face aux risques pour sa sécurité économique, le gouvernement néerlandais a choisi d’intervenir dans la gouvernance de Nexperia, fabricant de semi-conducteurs basé aux Pays-Bas appartenant à Wingtech. Objectif: sécuriser l’entreprise et stopper des pratiques financières jugées opaques. Après la suspension du président du conseil Zhang Xuezheng par la justice néerlandaise, La Haye s’est arrogé un droit de veto sur les décisions stratégiques, une ingérence rarissime qui a enflammé les relations avec la maison mère chinoise directement.

Réponse immédiate: Pékin a imposé un embargo sur des puces expédiées depuis la filiale chinoise de Nexperia, qui alimente près de la moitié des composants critiques utilisés en Europe. Le gel des flux a fait vaciller l’industrie auto, dépendante de ces puces pour ses architectures et chaînes électroniques du véhicule moderne, du calcul moteur aux aides à la conduite incluses partout.

Crise Nexperia, quand une guerre commerciale menace de paralyser l’industrie automobile mondiale et fait planer le spectre de la crise des semi-conducteurs.
Crise Nexperia, quand une guerre commerciale menace de paralyser l’industrie automobile mondiale et fait planer le spectre de la crise des semi-conducteurs.© Nexperia

Nexperia a aussi stoppé l’envoi d’unités vers son site de Dongguan, fragilisant la production locale et mondiale. L’ACEA a tiré la sonnette d’alarme: sans composants, des chaînes de montage risquent l’arrêt net. Plusieurs constructeurs préparent des pauses temporaires, d’autres réorganisent leur planning pour encaisser le choc afin d’éviter des ruptures en aval, notamment sur batteries, calculateurs, capteurs, infotainment, et faisceaux, où le moindre retard démultiplie les coûts et l’inactivité.

Une éclaircie, toutefois: l’équipementier allemand Continental (désormais Aumovio pour sa division auto) affirme avoir reçu des semi-conducteurs Nexperia via la Chine grâce à une exemption temporaire, ce qui a évité des arrêts plus lourds chez Volkswagen, Stellantis et BMW. Mais la tension perdure: Bosch signale encore des aléas et ZF craint de nouvelles défaillances à court terme sur plusieurs sites, malgré des reroutages logistiques et des plans d’allocation matière serrés.

En bout de chaîne, le secteur automobile européen risque de se retrouver paralysé, avec toutes les conséquences économiques que ça implique si la crise n'est pas réglée. Pekin et les Pays-Bas ont toutefois renoué le dialogue.
En bout de chaîne, le secteur automobile européen risque de se retrouver paralysé, avec toutes les conséquences économiques que ça implique si la crise n'est pas réglée. Pekin et les Pays-Bas ont toutefois renoué le dialogue.© WDA automotive

Les Pays-Bas desserrent l’étau pour apaiser la crise qui couve

Pour calmer le jeu, La Haye dit vouloir assouplir son contrôle sur Nexperia et enclencher une désescalade. Selon Bloomberg, la suspension des mesures d’ingérence pourrait être levée rapidement si la Chine rouvre complètement le robinet des semi-conducteurs sur toute la chaîne de production. Le gouvernement attend aussi la résolution de contentieux financiers entre Nexperia et ses filiales chinoises; le ministre de l’Économie Vincent Karremans évoque une reprise rapide des exportations et salue un dialogue plus constructif avec Pékin, tout en conditionnant l’allègement à des garanties de transparence et de continuité d’approvisionnement vérifiables strictes.

Au-delà de l’urgence, cette séquence met à nu la dépendance européenne et la question de la souveraineté industrielle. Nexperia, héritière de la branche semi-conducteurs de Philips, fournit des puces clés aux véhicules: batteries, gestion de puissance, capteurs et calculateurs. En s’octroyant un droit de regard pour contrer des soupçons de transferts illicites et de détournements financiers, les Pays-Bas ont déclenché la riposte de Pékin, qui a restreint les exportations vers l’Europe. Le vrai sujet: qui contrôle les briques technologiques critiques et où se logent valeur et savoir-faire? Pour l’UE, sécuriser la chaîne des semi-conducteurs n’est pas qu’un dossier industriel: c’est un enjeu géopolitique et de résilience. Diversifier les sources et relocaliser des étapes clés sont des leviers pour un écosystème robuste. L’interdépendance, utile en temps calme, devient un talon d’Achille quand la géopolitique s’enflamme: sans maîtrise des composants, l’Europe expose son auto à des arrêts en cascade et à une perte d’avantage compétitif.

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