En France comme ailleurs en Europe, l’essence et le gazole que l’on tire des stations proviennent très souvent de cuves communes. Shell, BP, Esso, TotalEnergies ou la grande distribution: différences majeures ou simple marketing? Plutôt la seconde option. Les écarts se jouent surtout au moment où des additifs sont injectés en sortie de dépôt. Et, selon le patron espagnol d’un réseau de carburant à bas prix, ces additifs n’auraient pas les vertus que leur prêtent les industriels.
Dans la vraie vie, il y a deux camps. Les fidèles du carburant “premium” d’une grande marque, persuadés d’y gagner en performances et en longévité, et ceux qui, par budget serré ou par scepticisme face à des tarifs jugés gonflés, préfèrent passer en grande surface ou chez des distributeurs plus discrets. Le choix reste très personnel: convictions, pouvoir d’achat, proximité de la station, et surtout perception de la qualité. Mais au final, la question persiste: le sans-plomb de la cuve Carrefour est-il vraiment différent d’un plein chez TotalEnergies ou Shell, pour le moteur et le portefeuille?
Un ancien du secteur pétrolier, passé par Berre (13), me rappelait que l’essence servie en station est globalement la même partout, qu’elle sorte d’une cuve destinée à une grande marque ou à Intermarché, Leclerc ou Carrefour. Logique: ces livraisons partent de réservoirs partagés en périphérie des sites pétroliers. Dans la région, on parle notamment de la Mède et des installations autour de l’étang de Berre, d’où partent les flux logistiques qui alimentent les stations au quotidien.
Sur les Bouches-du-Rhône et les départements voisins, c’était bien le cas. Petite nuance toutefois: Shell, BP, Esso et consorts se ravitaillaient par pipeline depuis Berre comme les supermarchés, alors que TotalEnergies gérait ses propres chaînes logistiques et ne partageait pas son carburant. Pour autant, la différence à la pompe? Réelle, mais ténue. À tel point que, pour votre voiture, cela ne change strictement rien, ni à court terme, ni à long terme, en usage normal et avec un entretien régulier, au quotidien ou sur autoroute.
Le carburant de base que l’on achète chez Shell, Avia, Esso ou en grande surface est donc identique. Là où certaines grandes marques se distinguent, c’est avec leur “recette” d’additifs. Les pétroliers développent des paquets détergents et anticorrosion qui ne se retrouvent pas dans les carburants Carrefour, Leclerc et consorts. V-Power chez Shell, Excellium chez TotalEnergies: sur le papier, ces additifs nettoient mieux les injecteurs, limitent les dépôts de suie issus de la combustion, améliorent la longévité, et promettent parfois une consommation un peu plus basse. Concrètement, le carburant sort de la cuve commune, puis, avant le chargement en camion, on dose les additifs au millilitre, via une métrologie stricte, selon la formule de chaque marque et la catégorie choisie à la pompe.
Problème: ce storytelling pro-additifs est balayé par José Rodríguez de Arellano, patron de Plenergy, un distributeur espagnol à petits prix. Selon lui, “c’est le grand mythe”. Il explique acheter l’additif recommandé par Exolum, l’opérateur de dépôts ibérique, “mais ça ne sert à rien”. S’ils l’utilisent, dit-il, “c’est parce que les gens y croient”. Et de poser la question qui fâche: pourquoi aucune étude indépendante solide n’a prouvé qu’un carburant serait objectivement meilleur qu’un autre à la pompe? Pour ce dirigeant, l’additif n’est pas déterminant pour le moteur: si sa valeur était réelle, “les marques l’auraient démontrée depuis longtemps, avec des kilomètres en plus à la clé”. À ses yeux, le pays reste enfermé dans l’idée que “le carburant est différent alors qu’il vient de la même cuve”. Le message est abrupt, mais clair: au-delà de l’étiquette et du marketing, le carburant de base se ressemble beaucoup; l’important reste l’entretien du véhicule, la qualité du raffinage et le respect des normes.
Journaliste auto (et un peu cycliste). Passionné par l’innovation, l’industrie et l’environnement, mais surtout par tout ce qui peut faire bouger la mobilité au quotidien.
En somme, si le plein se ressemble, le choix qui change tout est souvent celui du financement. Pour approcher le rêve d’une Porsche 911 en LOA/LLD, explorez les offres souples de Joinsteer et prenez la route sereinement.
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