
Dix ans après la mise en place de la loi Hamon, changer d’assurance auto reste un parcours peu emprunté par près de la moitié des Français, malgré la forte poussée des tarifs (+5 % en 2025). Décryptage des raisons derrière cette fidélité, des inégalités générationnelles, et de ce qui freine vraiment la mobilité des conducteurs.
Depuis l’application de la loi Hamon, qui autorise la résiliation de son contrat d’assurance auto à tout moment après un an d’engagement, les règles du jeu ont changé. Accélération des démarches (gérées par le nouvel assureur), suppression de la contrainte de date-anniversaire… Tout était pensé pour stimuler la concurrence et faciliter la vie des conducteurs. Pourtant, alors même que les primes s’envolent, beaucoup hésitent encore à franchir le pas. Pourquoi ?
D’après une étude réalisée par OpinionWay, une large majorité des conducteurs (80 %) savent quand ils peuvent résilier. Mais chez les jeunes, cette connaissance est loin d’être évidente : plus d’un tiers des 18-24 ans n’a pas conscience de son droit à résilier sa police auto avant la date d’échéance. Résultat, la méconnaissance du process freine leur mobilité.

En chiffres, 57 % des automobilistes n’ont pas changé de compagnie ces dix dernières années, et un tiers d’entre eux l’avoue sans détour : ils n’ont jamais osé le faire ! La fidélité se renforce même avec l’âge : 31 % des 50-64 ans et 36 % des plus de 65 ans n’ont pas bougé en dix ans, nombre d’entre eux alignant même plus de 20 ans chez le même assureur.
À l’inverse, les jeunes conducteurs bougent davantage. Leur mot d’ordre ? Flexibilité et recherche d’économies, vu des primes annuelles qui crèvent le plafond (1 204 € par an en moyenne pour eux, contre 606 € pour les plus expérimentés). 57 % des conducteurs de moins de 25 ans ont changé d’assureur ces six dernières années, le montant de la facture rendant le passage à l’action inévitable. Cette génération, plus informée, ne rechigne pas à revoir ses garanties à la baisse pour alléger la note (21 %), alors que seulement 10 % des seniors adoptent cette stratégie.
85 % des Français voient le changement d’assureur comme une démarche simple. Pourtant, seul un Français sur six juge encore la procédure trop compliquée. Alors, quel est le vrai frein ?
La cause principale : le manque de motivation économique. Malgré des écarts de tarifs importants entre compagnies, 41 % des conducteurs estiment que le jeu n’en vaut pas la chandelle côté finances. Et pourtant, en passant par un comparateur, il est possible d’économiser en moyenne 438 € par an. Pas négligeable !

À contre-courant de la flexibilité du marché, 14 % des Français disent qu’ils ne changeront jamais d’assureur, et ce chiffre grimpe à 23 % chez les plus de 65 ans ! La fidélité va parfois bien au-delà de la simple recherche du meilleur tarif.
Malgré la simplification administrative apportée par la loi Hamon, 20 % évoquent encore une forme de complexité. Les moins de 25 ans ajoutent à cela le manque de temps (50 %), la crainte de perdre en couverture (42 %) et la peur des démarches lourdes (37 %). Bon à savoir : le système de remboursement automatique au prorata pour les mois non utilisés (en cas de paiement annuel) réduit la perte financière potentielle et rassure, mais il reste du chemin à parcourir pour que changer d’assurance auto devienne un vrai réflexe en France.
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